À l'avant-garde de la révolution tranquille et du Québec moderne

À l'avant-garde de la révolution tranquille et du Québec moderne

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PAR MARIE DESJARDINS

En 1945, Réal Benoit débarque sur la scène littéraire avec Nézon, un bien étrange recueil. Du jamais vu. Lyriques, caustiques, loufoques, profonds, modernes, quatorze contes révèlent un écrivain surprenant et ouvert sur le monde. Il n’a pas encore trente ans.

Jusqu’à sa mort, en 1972, au fil de son existence aussi dure que palpitante, il tracera son chemin dans la culture du Québec. Son esthétique est unique. C’est un innovateur. Personne ne lui ressemble. Journaliste, écrivain, il signe un roman, une biographie, des critiques, des récits, des nouvelles et les dramatiques les plus controversées diffusées à la télévision. Ses sujets sont à la fois confidentiels et d’une universalité flamboyante. Il obtient des prix, déclenche admiration et polémique. Cinéaste et producteur, il tourne un film plein d’esprit et d’invention sur un héros populaire du Québec, et de nombreux documentaires sur l’architecture et la société. Sa facture effervescente et originale est chaque fois reconnaissable.

Enfant, il contracte une maladie dont il gardera de graves séquelles, mais qui décuplera sa fureur de vivre. Fils d’une famille nombreuse, unie et dynamique, il n’échappe ni aux affres de la Crise des années trente, ni à l’ascension que les siens lui ont prédit : étant donné sa différence, il connaîtra un destin exceptionnel. En 1947, il navigue jusqu’aux Antilles sur son bateau à voile et fait découvrir au public des images inédites d’Haïti et de ses artistes. Féru de musique moderne, il crée un club et familiarise de nombreux curieux à des compositeurs contemporains que les préjugés ont jusqu’alors tenus dans l’ombre. Amateur d’art, surtout moderne, il rencontre Pellan, Chagall, Lemieux, fréquente Mousseau et Daudelin. Passionné de cinéma, il tient une rubrique dans Le Devoir, dirige le service des émissions sur film à Radio-Canada pendant douze ans, de même qu’un ciné-club privé, projetant en primeur des films de la Nouvelle Vague, et soutenant de jeunes cinéastes doués tels que Jutra, Brault ou Labrecque.

Homme, il aime plus d’une femme – aventurier du cœur embrassant les inextricables voies de la séduction, de la passion, du naufrage.

Père, il a le malheur de perdre un enfant. Il chérira l’autre, le cadet, qui deviendra son ami, son complice et son confident.

Réal Benoit était un esprit brillant, rêvant du meilleur pour sa société et se battant en ce sens. Ce chef de file de l’avènement de la modernité culturelle au Québec est tombé dans l’oubli. L’avant-garde, c’était lui.


Ce portrait lui rend vie.